Les multiples anomalies apparues après l'incendie du ferry « Norman Atlantic » Les autorités maritimes poursuivent leurs recherches mardi 30 décembre après l'incendie du ferry Norman Atlantic en mer Adriatique, alors que la marine italienne a annoncé qu'au moins dix personnes ont péri des suites de l'incendie qui s'est déclaré à bord du navire, dans la nuit de dimanche à lundi. Le bateau assurait la liaison entre Patras, dans le sud-ouest de la Grèce, et Ancône, dans l'est de l'Italie.
Le parquet de Bari, dans le sud-est de l'Italie, a choisi d'ouvrir une enquête « criminelle », lundi pour tenter d'éclaircir les circonstances du drame et de désigner d'éventuels responsables. Si l'origine du sinistre est encore inconnue, autorités et rescapés ont d'ores et déjà souligné de nombreux dysfonctionnements.
Un nombre imprécis de passagers à bord
Connaître le nombre exact de personnes en péril est essentiel pour l'organisation des secours, notamment pour savoir si certains manquent à l'appel. Or lorsque l'opération de sauvetage a commencé, la compagnie grecque de transport maritime Anek a annoncé que 478 personnes équipage compris se trouvaient à bord du navire. Elle a ensuite ramené ce chiffre à 475 lundi dans la soirée.
Mais ce nouveau décompte ne correspond pas au nombre des rescapés... qui diffère encore selon les sources. Ainsi si les garde-côtes grecs ont déclaré que 432 personnes avaient été évacuées, le ministre des transports italien a pour sa part annoncé que 427 survivants dont les 56 membres de l'équipage avaient été secourus.
Le nombre de disparus est donc inconnu
De telles différences dans les chiffres n'ont pas été expliquées pour l'heure par les autorités. Pire, un responsable de la garde côtière italienne, Giovanni Pettorino, a précisé que 80 de ces rescapés n'étaient même pas inscrits sur la liste d'embarquement, renforçant la thèse selon laquelle des passagers clandestins avaient embarqué dans le but de rejoindre l'Italie.
Toutes ces incertitudes ont poussé lundi soir le ministre grec de la marine marchande, Miltiadis Varvitsiotis, à reconnaître que « la liste [d'embarquement] est peut-être inexacte », et le ministre italien des transports, Maurizio Lupi, à avouer être « dans l'impossibilité de dire combien de personnes ont disparu ». « Une fois l'épave récupérée, nous trouverons probablement d'autres victimes » a affirmé mardi le procureur de Bari, Giuseppe Volpe.
Une seule certitude, sur les 371 rescapés, 234 sont grecs, 54 turcs, 22 albanais, 22 italiens et 10 de nationalité suisse, selon M. Lupi. Par ailleurs neuf des dix Français présents à bord « ont été localisés et pris en charge », a indiqué le gouvernement français. Aucune précision n'a été donnée sur le dixième Français.
Dysfonctionnement d'une porte coupe-feu
Une inspection effectuée quelques jours avant le drame, le 19 décembre, dans le cadre de l'accord international sur la sécurité maritime avait laissé apparaître des dysfonctionnements au niveau de la sécurité incendie sur le bateau. Des anomalies constatées « plus exactement sur l'une de ses portes coupe-feu, responsable de la propagation de l'incendie au niveau du pont inférieur », précise le Huffington Post.
Si l'armateur italien affirme que « le problème avait été résolu avant de partir » d'autres failles de sécurité ont été relatées par les passagers.
Pas d'alarme incendie
Selon plusieurs témoins, l'alarme incendie n'aurait pas retenti dans un premier temps, certains ayant été réveillés par l'odeur de brûlé ou prévenus par des personnes qui ont frappé aux portes des cabines pour lancer l'alerte.
Un équipage mal formé
Interrogé sur la chaîne italienne SKYTG24, un passager a dénoncé le manque d'entraînement de l'équipage et l'impossibilité de mettre des chaloupes à la mer, précisant qu'« une seule a pu être mise à l'eau ».
D'autres affirment même que l'équipage n'a donné aucune instruction aux passagers durant l'évacuation, les contraignant à chercher eux-mêmes leur gilet de sauvetage. Un père de famille raconte à SKYTG24 : « Il n'y avait aucun avertissement, aucune communication, personne ne nous a dit ce que nous devions faire. J'ai dû chercher mon gilet de sauvetage. J'ai dû sauver mes enfants et il n'y avait personne pour m'aider. C'était la panique, c'était fou. »
Une évacuation cauchemardesque
La règle de sauver « les femmes et les enfants d'abord » aurait quant à elle été foulée aux pieds. « La loi de la jungle prévalait » assure Irene Varsioti, une passagère grecque, à l'Associated Press. « Tout le monde se piétinait pour accéder à l'hélicoptère » (qui a permis d'hélitreuiller les rescapés), raconte un chauffeur de poids lourd grec à l'agence de presse américaine.
Douze hélicoptères, deux avions et une quinzaine de navires, dont neuf cargos, ont participé à cette opération de sauvetage déclenchée dimanche matin et qui a pris fin lundi en début de soirée. On a appris mardi matin la mort de deux marins albanais grièvement blessés dans les opérations de sauvetage par la rupture d'un câble de remorquage.
La justice italienne doit désormais s'efforcer d'éclaircir les circonstances de ce drame et de comprendre les origines de l'incendie.