Procès Navalny :
Yves Rocher, une plainte au service du pouvoir
Laffaire pour laquelle ont été condamnés, mardi 30 décembre, Alexeï et Oleg Navalny, restera dans les annales de la justice russe sous le nom d« affaire Yves Rocher ». La société française de cosmétiques aura été de bout en bout présente dans les débats, et risque de porter longtemps comme une tache son rôle dans le procès du principal opposant russe.
Le jugement rendu mardi conclut que la société de logistique des frères Navalny a escroqué 26 millions de roubles (370 000 euros) à la compagnie de cosmétiques en lui surfacturant ses services entre 2008 et 2012, une surfacturation obtenue grâce au poste de cadre quOleg occupait à la Poste russe.
Pour comprendre le rôle de la société française, il faut remonter à 2008. Cest alors Yves Rocher qui sollicite Glavpodpiska pour assurer la livraison dune partie des commandes de ses clients. Les deux entreprises travaillent ensemble pendant quatre ans. Fin 2012, Bruno Leproux, directeur général dYves Rocher Vostok, filiale russe de la maison mère, demande au Comité denquête russe détablir si Glavpodpiska a abusé son entreprise. La démarche équivaut à une plainte.
Que sest-il passé pour quYves Rocher poursuive son prestataire ? On sait seulement que, peu auparavant, la justice avait commencé à sintéresser à lentreprise de cosmétiques dans le cadre dune autre affaire, Kirovles, impliquant également Alexeï Navalny. Les enquêteurs ont-ils fait pression sur Yves Rocher Vostok afin quil porte plainte ? Cest ce que pensent nombre dobservateurs, et parmi eux Sergueï Gouriev, économiste russe réfugié à Paris : « Je ne sais pas précisément quels moyens de pression les enquêteurs ont utilisé, mais il était important pour eux quune société étrangère soit impliquée. Cela donnait au dossier une apparence de solidité. »
La société française semble avoir regretté ensuite de sêtre laissée manipuler. Lors dune des audiences, son directeur financier a assuré que les prix pratiqués par Glavpodpiska étaient inférieurs à ceux du marché, et que sil devait resigner aujourdhui le même contrat, il le ferait. Lentreprise a également conduit un audit interne concluant quelle navait subi aucun préjudice.
« Comme sils nétaient pas concernés »
Ce que les soutiens dAlexeï Navalny reprochent à Yves Rocher, cest de navoir pas déclaré publiquement que, puisque il ny avait pas de préjudice, il ny avait pas de coupable. Depuis le début de laffaire, la société a gardé le silence, se contentant de rares communiqués laconiques. Un journaliste qui a suivi les audiences explique que les représentants dYves Rocher, lorsquils étaient présents au tribunal, se sont conduits sinon en victimes, du moins « comme des observateurs neutres, comme sils nétaient pas concernés ». Pour cela, Yves Rocher a dû affronter plusieurs campagnes internationales intitulées « Nous voulons des réponses » et des appels au boycottage dautant plus gênants que le marché russe est le deuxième après la France.
« Ce silence est leur principale erreur, estime un patron français installé à Moscou. Sils avaient alerté ne serait-ce que lambassade, ils auraient pu être protégés. Mais cest un milieu habitué aux tracasseries avec les douanes, pas à se retrouver dans des situations aussi sensibles. » Seul fait solide dans cette affaire qui semble montée de toutes pièces, lenquête a mis au jour une société offshore montée par les Navalny, dans le contrat quils ont signé avec Yves Rocher.
Bruno Leproux, lex-directeur général, na accordé quun seul entretien à une journaliste russe, publié lundi, veille du verdict. Il y fait des réponses extrêmement évasives, mais assure ne pas avoir subi de pressions. Yves Rocher na pas renouvelé son contrat. Un an plus tard, il a retrouvé un emploi chez Ile de Beauté, une société russe de parfumerie connue pour ses liens avec les cercles du pouvoir.
Yves Rocher, une plainte au service du pouvoir
Laffaire pour laquelle ont été condamnés, mardi 30 décembre, Alexeï et Oleg Navalny, restera dans les annales de la justice russe sous le nom d« affaire Yves Rocher ». La société française de cosmétiques aura été de bout en bout présente dans les débats, et risque de porter longtemps comme une tache son rôle dans le procès du principal opposant russe.
Le jugement rendu mardi conclut que la société de logistique des frères Navalny a escroqué 26 millions de roubles (370 000 euros) à la compagnie de cosmétiques en lui surfacturant ses services entre 2008 et 2012, une surfacturation obtenue grâce au poste de cadre quOleg occupait à la Poste russe.
Pour comprendre le rôle de la société française, il faut remonter à 2008. Cest alors Yves Rocher qui sollicite Glavpodpiska pour assurer la livraison dune partie des commandes de ses clients. Les deux entreprises travaillent ensemble pendant quatre ans. Fin 2012, Bruno Leproux, directeur général dYves Rocher Vostok, filiale russe de la maison mère, demande au Comité denquête russe détablir si Glavpodpiska a abusé son entreprise. La démarche équivaut à une plainte.
Que sest-il passé pour quYves Rocher poursuive son prestataire ? On sait seulement que, peu auparavant, la justice avait commencé à sintéresser à lentreprise de cosmétiques dans le cadre dune autre affaire, Kirovles, impliquant également Alexeï Navalny. Les enquêteurs ont-ils fait pression sur Yves Rocher Vostok afin quil porte plainte ? Cest ce que pensent nombre dobservateurs, et parmi eux Sergueï Gouriev, économiste russe réfugié à Paris : « Je ne sais pas précisément quels moyens de pression les enquêteurs ont utilisé, mais il était important pour eux quune société étrangère soit impliquée. Cela donnait au dossier une apparence de solidité. »
La société française semble avoir regretté ensuite de sêtre laissée manipuler. Lors dune des audiences, son directeur financier a assuré que les prix pratiqués par Glavpodpiska étaient inférieurs à ceux du marché, et que sil devait resigner aujourdhui le même contrat, il le ferait. Lentreprise a également conduit un audit interne concluant quelle navait subi aucun préjudice.
« Comme sils nétaient pas concernés »
Ce que les soutiens dAlexeï Navalny reprochent à Yves Rocher, cest de navoir pas déclaré publiquement que, puisque il ny avait pas de préjudice, il ny avait pas de coupable. Depuis le début de laffaire, la société a gardé le silence, se contentant de rares communiqués laconiques. Un journaliste qui a suivi les audiences explique que les représentants dYves Rocher, lorsquils étaient présents au tribunal, se sont conduits sinon en victimes, du moins « comme des observateurs neutres, comme sils nétaient pas concernés ». Pour cela, Yves Rocher a dû affronter plusieurs campagnes internationales intitulées « Nous voulons des réponses » et des appels au boycottage dautant plus gênants que le marché russe est le deuxième après la France.
« Ce silence est leur principale erreur, estime un patron français installé à Moscou. Sils avaient alerté ne serait-ce que lambassade, ils auraient pu être protégés. Mais cest un milieu habitué aux tracasseries avec les douanes, pas à se retrouver dans des situations aussi sensibles. » Seul fait solide dans cette affaire qui semble montée de toutes pièces, lenquête a mis au jour une société offshore montée par les Navalny, dans le contrat quils ont signé avec Yves Rocher.
Bruno Leproux, lex-directeur général, na accordé quun seul entretien à une journaliste russe, publié lundi, veille du verdict. Il y fait des réponses extrêmement évasives, mais assure ne pas avoir subi de pressions. Yves Rocher na pas renouvelé son contrat. Un an plus tard, il a retrouvé un emploi chez Ile de Beauté, une société russe de parfumerie connue pour ses liens avec les cercles du pouvoir.
Procès Navalny : Yves Rocher, une plainte au service du pouvoir
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