Bleus cherchent latéraux désespérément
C'est l'un des paradoxes de cette équipe de France concassée (3-1) en match amical par une sélection brésilienne en quête de rédemption, jeudi 26 mars, à Saint-Denis. Si sa charnière centrale composée des jeunes Mamadou Sakho et Raphaël Varane affiche une moyenne d'âges particulièrement basse (23 ans), ses deux défenseurs latéraux Bacary Sagna (32 ans) et Patrice Evra (qui fêtera ses 34 ans en mai) font figure de patriarches fourbus. C'est peu dire que leur médiocre prestation a jeté une lumière crue sur leur incurie et, plus globalement, sur les faiblesses des Bleus dans ce secteur du jeu.
Sur le flanc droit, Bacary Sagna conservera un goût amer de sa 46e sortie sous le maillot tricolore. Désarçonné par les arabesques du capitaine de la Seleçao, Neymar, le natif de Sens (Yonne) présent en équipe de France depuis huit ans et l'ère Domenech a par ailleurs justifié sa réputation de piètre centreur, tout en faisant preuve d'un flagrant manque de rigueur. Titulaire en raison du forfait pour blessure du no 1 au poste Mathieu Debuchy (29 ans, 26 sélections), le latéral aux tresses mordorées est peu utilisé à Manchester City par son entraîneur Manuel Pellegrini. Depuis son arrivée chez les Citizens, à l'été 2014, l'ex-arrière de l'AJ Auxerre (2004-2007) et d'Arsenal (2007-2014) n'a disputé qu'une quinzaine de rencontres toutes compétitions confondues et manque donc cruellement de rythme.
Manque de concurrence à droite depuis Sagnol
Dimanche, à Saint-Etienne, Didier Deschamps a décidé de titulariser Christophe Jallet (32 ans en octobre, sept sélections) à la place de Sagna lors du match préparatoire à l'Euro 2016 contre le Danemark. Solide avec l'Olympique lyonnais, l'ex-joueur du Paris-Saint-Germain (2009-2014) ne totalise toutefois que sept sélections et fait figure actuellement de no 3 au poste avec les Tricolores. Malgré ses indéniables qualités, l'ancien Lorientais n'apparaît guère comme une solution à long terme sur le flanc droit. Il reflète surtout la pénurie de joueurs, voire le manque de concurrence à ce poste depuis la retraite de Willy Sagnol au sortir de l'Euro 2008. A noter que Lilian Thuram, intraitable sur ce côté lors des sacres au Mondial 1998 et à l'Euro 2000, évoluait alors comme défenseur central avec son club de Parme. Lors de ses cinq dernières années avec les Bleus (2002-2004 et 2005-2008), « Tutu » avait d'ailleurs déserté son couloir pour s'installer comme stoppeur.
Derrière Debuchy, Sagna et Jallet, le Lillois Sébastien Corchia, 24 ans, pourrait représenter une alternative à droite aux yeux de Didier Deschamps. Car le sélectionneur ne peut guère s'appuyer sur le latéral de Sunderland Anthony Réveillère (35 ans, 20 sélections), qui n'a plus évolué sous le maillot tricolore depuis 2013, ni sur le Marseillais Rod Fanni (33 ans, 5 sélections), qui évolue en charnière centrale avec son club.
L'indéboulonnable Evra
Sur le flanc gauche des Tricolores, le vétéran Patrice Evra (65 sélections depuis 2004) n'a pas livré une prestation plus reluisante que celle réalisée par Sagna face au Brésil. Brillant et titulaire avec la Juventus Turin, qu'il a ralliée au sortir d'un tournoi planétaire 2014 réussi, l'ex-leader des mutins de Knysna lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud fait pourtant office d'indéboulonnable cadre, faute de recours à ce poste et tant sa parole semble porter dans le vestiaire. « Patrice a le rôle peut-être le plus important dans le groupe, estimait l'attaquant Loïc Rémy lors du Mondial brésilien. Il a un rôle de grand frère. Il parle énormément. »De fait, l'ex-défenseur de Manchester United (2006-2014) est le leader de l'ombre des Tricolores, une sorte de patron officieux depuis que le brassard de capitaine a échu au discret et policé gardien Hugo Lloris, passé maître dans l'art d'aligner sur un ton monocorde les platitudes en conférence de presse.
Au Brésil, Patrice Evra s'était réconcilié avec les journalistes en charge du suivi des Bleus sans se départir de sa faconde corrosive. « Si un journaliste me pique, je sais comment lui répondre. Je n'ai pas envie de donner à manger à certains. Je n'ai jamais senti que je n'étais pas à ma place parmi les Bleus, avait-il déclaré lors d'une conférence de presse d'anthologie. Tout va très vite. Je sais qu'au moindre faux-pas, vous serez capables de ressortir les guillotines. »
Même s'il a reconnu qu'il ne confierait « jamais » le capitanat à « Patrice », Didier Deschamps continue à accorder sa confiance à celui qui fut son protégé à l'AS Monaco (2002-2005). Si ses jambes le portent jusqu'à l'Euro 2016 (il aura alors 35 ans), le natif de Dakar (Sénégal) devrait disputer en France sa cinquième compétition internationale consécutive après l'Euro 2008, le Mondial 2010, l'Euro 2012, et la Coupe du monde au Brésil. Son ancien rival de Manchester City Gaël Clichy (20 sélections) semble hors jeu depuis que Didier Deschamps l'a exclu de sa liste des 23 joueurs convoqués pour le Mondial au Brésil. Latéral de formation mais evoluant en charnière centrale avec le FC Barcelone, le Français Jérémy Mathieu (31 ans, 4 sélections) n'apparaît pas, non plus, comme une solution de rechange à gauche.
Chantier de taille
Lors du Mondial brésilien, la doublure d'Evra était le jeune Lucas Digne (21 ans, 8 sélections). Le latéral du PSG a intégré le wagon tricolore en mars 2014, mais il pâtit actuellement de son manque de temps de jeu en club. Eclipsé par l'inamovible Maxwell (34 ans en août), l'ancien lillois n'a été titularisé qu'à onze reprises cette saison en Ligue 1 et son horizon paraît bouché, tant son concurrent brésilien semble intouchable (il a prolongé son contrat jusqu'en 2016). « Au jeu vidéo FIFA, je prends de temps en temps le PSG et c'est sûr que je me fais un peu jouer quand même », glissait-il au Monde, hilare, avant le Mondial au Brésil.
Légèrement blessé, Evra laissera sa place à Benoît Trémoulinas (29 ans, deux sélections) dimanche, contre le Danemark. Le joueur du FC Séville signe son retour en équipe de France alors qu'il n'avait plus évolué depuis juin 2013 sous le maillot bleu. Bon centreur, vif et à l'aise techniquement, l'ancien bordelais (2007-2013) présente un profil assimilable à celui de son lointain prédécesseur en club et chez les Tricolores Bixente Lizarazu. Titularisé à Geoffroy-Guichard, il retrouvera un public stéphanois qui a particulièrement apprécié son passage probant chez les Verts (en 2014).
Outre Trémoulinas, le Monégasque Layvin Kurzawa (22 ans, 2 sélections dont une titularisation contre la Suède en novembre 2014) pourrait à moyen terme devenir un sérieux candidat sur le flanc gauche de la défense tricolore. Encore en période d'apprentissage avec son club, ce pur produit de l'ASM s'apprête notamment à disputer les quarts de finale de Ligue des champions contre la Juve de son compatriote Evra. Talentueux, le jeune homme a vu toutefois sa réputation ternie par son mauvais comportement lors du barrage qualificatif à l'Euro 2015 perdu (4-1), à l'automne 2014 par l'équipe de France Espoirs contre la Suède. Buteur, il n'avait pas hésité à chambrer les Scandinaves, avant que ses adversaires le raillent une fois leur succès acquis.
Conscient des faiblesses de sa sélection sur les ailes, Didier Deschamps est confronté à un chantier de taille à quinze mois de l'Euro 2016. Au-delà des choix à faire et des réglages à effectuer, il devra trouver une relève crédible dans les couloirs, en songeant à voir plus loin. C'est-à-dire à l'horizon du Mondial 2018, organisé en Russie.
C'est l'un des paradoxes de cette équipe de France concassée (3-1) en match amical par une sélection brésilienne en quête de rédemption, jeudi 26 mars, à Saint-Denis. Si sa charnière centrale composée des jeunes Mamadou Sakho et Raphaël Varane affiche une moyenne d'âges particulièrement basse (23 ans), ses deux défenseurs latéraux Bacary Sagna (32 ans) et Patrice Evra (qui fêtera ses 34 ans en mai) font figure de patriarches fourbus. C'est peu dire que leur médiocre prestation a jeté une lumière crue sur leur incurie et, plus globalement, sur les faiblesses des Bleus dans ce secteur du jeu.
Sur le flanc droit, Bacary Sagna conservera un goût amer de sa 46e sortie sous le maillot tricolore. Désarçonné par les arabesques du capitaine de la Seleçao, Neymar, le natif de Sens (Yonne) présent en équipe de France depuis huit ans et l'ère Domenech a par ailleurs justifié sa réputation de piètre centreur, tout en faisant preuve d'un flagrant manque de rigueur. Titulaire en raison du forfait pour blessure du no 1 au poste Mathieu Debuchy (29 ans, 26 sélections), le latéral aux tresses mordorées est peu utilisé à Manchester City par son entraîneur Manuel Pellegrini. Depuis son arrivée chez les Citizens, à l'été 2014, l'ex-arrière de l'AJ Auxerre (2004-2007) et d'Arsenal (2007-2014) n'a disputé qu'une quinzaine de rencontres toutes compétitions confondues et manque donc cruellement de rythme.
Manque de concurrence à droite depuis Sagnol
Dimanche, à Saint-Etienne, Didier Deschamps a décidé de titulariser Christophe Jallet (32 ans en octobre, sept sélections) à la place de Sagna lors du match préparatoire à l'Euro 2016 contre le Danemark. Solide avec l'Olympique lyonnais, l'ex-joueur du Paris-Saint-Germain (2009-2014) ne totalise toutefois que sept sélections et fait figure actuellement de no 3 au poste avec les Tricolores. Malgré ses indéniables qualités, l'ancien Lorientais n'apparaît guère comme une solution à long terme sur le flanc droit. Il reflète surtout la pénurie de joueurs, voire le manque de concurrence à ce poste depuis la retraite de Willy Sagnol au sortir de l'Euro 2008. A noter que Lilian Thuram, intraitable sur ce côté lors des sacres au Mondial 1998 et à l'Euro 2000, évoluait alors comme défenseur central avec son club de Parme. Lors de ses cinq dernières années avec les Bleus (2002-2004 et 2005-2008), « Tutu » avait d'ailleurs déserté son couloir pour s'installer comme stoppeur.
Derrière Debuchy, Sagna et Jallet, le Lillois Sébastien Corchia, 24 ans, pourrait représenter une alternative à droite aux yeux de Didier Deschamps. Car le sélectionneur ne peut guère s'appuyer sur le latéral de Sunderland Anthony Réveillère (35 ans, 20 sélections), qui n'a plus évolué sous le maillot tricolore depuis 2013, ni sur le Marseillais Rod Fanni (33 ans, 5 sélections), qui évolue en charnière centrale avec son club.
L'indéboulonnable Evra
Sur le flanc gauche des Tricolores, le vétéran Patrice Evra (65 sélections depuis 2004) n'a pas livré une prestation plus reluisante que celle réalisée par Sagna face au Brésil. Brillant et titulaire avec la Juventus Turin, qu'il a ralliée au sortir d'un tournoi planétaire 2014 réussi, l'ex-leader des mutins de Knysna lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud fait pourtant office d'indéboulonnable cadre, faute de recours à ce poste et tant sa parole semble porter dans le vestiaire. « Patrice a le rôle peut-être le plus important dans le groupe, estimait l'attaquant Loïc Rémy lors du Mondial brésilien. Il a un rôle de grand frère. Il parle énormément. »De fait, l'ex-défenseur de Manchester United (2006-2014) est le leader de l'ombre des Tricolores, une sorte de patron officieux depuis que le brassard de capitaine a échu au discret et policé gardien Hugo Lloris, passé maître dans l'art d'aligner sur un ton monocorde les platitudes en conférence de presse.
Au Brésil, Patrice Evra s'était réconcilié avec les journalistes en charge du suivi des Bleus sans se départir de sa faconde corrosive. « Si un journaliste me pique, je sais comment lui répondre. Je n'ai pas envie de donner à manger à certains. Je n'ai jamais senti que je n'étais pas à ma place parmi les Bleus, avait-il déclaré lors d'une conférence de presse d'anthologie. Tout va très vite. Je sais qu'au moindre faux-pas, vous serez capables de ressortir les guillotines. »
Même s'il a reconnu qu'il ne confierait « jamais » le capitanat à « Patrice », Didier Deschamps continue à accorder sa confiance à celui qui fut son protégé à l'AS Monaco (2002-2005). Si ses jambes le portent jusqu'à l'Euro 2016 (il aura alors 35 ans), le natif de Dakar (Sénégal) devrait disputer en France sa cinquième compétition internationale consécutive après l'Euro 2008, le Mondial 2010, l'Euro 2012, et la Coupe du monde au Brésil. Son ancien rival de Manchester City Gaël Clichy (20 sélections) semble hors jeu depuis que Didier Deschamps l'a exclu de sa liste des 23 joueurs convoqués pour le Mondial au Brésil. Latéral de formation mais evoluant en charnière centrale avec le FC Barcelone, le Français Jérémy Mathieu (31 ans, 4 sélections) n'apparaît pas, non plus, comme une solution de rechange à gauche.
Chantier de taille
Lors du Mondial brésilien, la doublure d'Evra était le jeune Lucas Digne (21 ans, 8 sélections). Le latéral du PSG a intégré le wagon tricolore en mars 2014, mais il pâtit actuellement de son manque de temps de jeu en club. Eclipsé par l'inamovible Maxwell (34 ans en août), l'ancien lillois n'a été titularisé qu'à onze reprises cette saison en Ligue 1 et son horizon paraît bouché, tant son concurrent brésilien semble intouchable (il a prolongé son contrat jusqu'en 2016). « Au jeu vidéo FIFA, je prends de temps en temps le PSG et c'est sûr que je me fais un peu jouer quand même », glissait-il au Monde, hilare, avant le Mondial au Brésil.
Légèrement blessé, Evra laissera sa place à Benoît Trémoulinas (29 ans, deux sélections) dimanche, contre le Danemark. Le joueur du FC Séville signe son retour en équipe de France alors qu'il n'avait plus évolué depuis juin 2013 sous le maillot bleu. Bon centreur, vif et à l'aise techniquement, l'ancien bordelais (2007-2013) présente un profil assimilable à celui de son lointain prédécesseur en club et chez les Tricolores Bixente Lizarazu. Titularisé à Geoffroy-Guichard, il retrouvera un public stéphanois qui a particulièrement apprécié son passage probant chez les Verts (en 2014).
Outre Trémoulinas, le Monégasque Layvin Kurzawa (22 ans, 2 sélections dont une titularisation contre la Suède en novembre 2014) pourrait à moyen terme devenir un sérieux candidat sur le flanc gauche de la défense tricolore. Encore en période d'apprentissage avec son club, ce pur produit de l'ASM s'apprête notamment à disputer les quarts de finale de Ligue des champions contre la Juve de son compatriote Evra. Talentueux, le jeune homme a vu toutefois sa réputation ternie par son mauvais comportement lors du barrage qualificatif à l'Euro 2015 perdu (4-1), à l'automne 2014 par l'équipe de France Espoirs contre la Suède. Buteur, il n'avait pas hésité à chambrer les Scandinaves, avant que ses adversaires le raillent une fois leur succès acquis.
Conscient des faiblesses de sa sélection sur les ailes, Didier Deschamps est confronté à un chantier de taille à quinze mois de l'Euro 2016. Au-delà des choix à faire et des réglages à effectuer, il devra trouver une relève crédible dans les couloirs, en songeant à voir plus loin. C'est-à-dire à l'horizon du Mondial 2018, organisé en Russie.
Bleus cherchent latéraux désespérément
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