samedi 20 décembre 2014

Rugby : le Racing Métro parie sur Dan Carter

Rugby : le Racing Métro parie sur Dan Carter



A l'aune du football, la somme aurait déjà été imposante. Appliquée au rugby, elle devient tout simplement inouïe. Dan Carter touchera un salaire supérieur à 1 million d'euros par an au Racing Métro 92, qui a annoncé sa venue, jeudi 18 décembre. Sans vouloir entrer dans les détails, le président du club francilien, Jacky Lorenzetti, évoque un revenu proche de « 1,1 million d'euros par an » pour sa recrue. Pourquoi autant d'argent pour ce demi d'ouverture aux artères vieillissantes ?

Le calcul est vite fait : quand le futur joueur le mieux payé du championnat de France débarquera dans le Top 14, il aura presque 34 ans. Son contrat de trois saisons ne débutera que l'année prochaine, dans le sillage de la Coupe du monde prévue en Angleterre de septembre à octobre 2015. « Même à cet âge, il va nous rapporter pas mal en termes de merchandising, de vêtements vendus, de contacts avec nos partenaires, ou de billetterie », explique le président Jacky Lorenzetti, homme d'affaires avant tout.



Lire notre reportage : Le Racing Métro en classe affaires



Difficile, pour l'heure, de quantifier les gains possibles. Pour l'économiste du sport Lionel Maltese, maître de conférences à l'université d'Aix-Marseille, « l'arrivée de Dan Carter aura surtout un rôle de catalyseur : ce n'est pas un simple joueur de rugby que le Racing s'achète, c'est surtout une crédibilité. » Cette légitimité, Dan Carter l'a surtout acquise sous le maillot des All Blacks. Son record du nombre de points inscrits en matchs internationaux – 1 457 points en 102 sélections – en fait, toujours l'une des valeurs sûres du rugby mondial.



« C'est un joueur hors norme, en France, aucune rugbyman n'a pour l'instant sa capacité d'attraction. Si vous allez dans l'hémisphère Sud et que vous demandez aux gens de nommer une dizaine de joueurs du XV de France, je ne suis pas sûr qu'ils y arrivent. Alors que, Dan Carter, il est connu un peu partout dans le monde du rugby », assure l'agent de joueurs Stéphane Dray, qui défend notamment les intérêts de Gaël Fickou, jeune talent du Stade toulousain.



CINQ PETITS MATCHS À PERPIGNAN



L'aura de Dan Carter parmi les amateurs de ballon ovale « ne ramènera peut-être pas de nouveaux droits télé supplémentaires pour le rugby français, mais elle pourrait permettre au Racing Métro de trouver plus facilement un contrat de naming pour son futur stade », ajoute Lionel Maltese. Les dirigeants du Racing espèrent, en effet, attirer un sponsor pour rentabiliser au mieux leur projet de stade de plus de 32 000 places, dont l'inauguration est espérée à la Défense, en plein quartier des affaires, pour la fin de 2016.



« Avec cette politique de recrutement de stars, le Racing tente de reprendre le modèle du RC Toulon qui avait recruté Jonny Wilkinson, poursuit l'universitaire en citant le succès du club varois, double champion d'Europe et champion de France en titre. Il y a toujours, dans ces recrutements, l'idée que l'arrivée d'une star a un effet multiplicateur et peut par exemple attirer d'autres grands joueurs ou d'autres sponsors. Mais, comme pour Wilkinson, qui sortait de plusieurs blessures avec Newcastle, le transfert de Dan Carter comporte, lui aussi, une part de risque.... »



Entre plusieurs tuiles (main, péroné, tendon d'Achille, mollet, épaule) et un congé sabbatique de six mois, Dan Carter n'a disputé que treize matchs ces deux dernières saisons, dont seulement trois en 2014 : un avec le Canterbury en championnat néo-zélandais et deux avec les All Blacks. Et, en 2008-2009, pour son premier passage en championnat de France, il n'avait fait guère fait mieux : à peine cinq matchs disputés avec Perpignan, puis un séjour prolongé à l'infirmerie...



Très cher payé pour un transfuge qui avait alors coûté au club catalan la bagatelle de 700 000 euros, une somme qui faisait déjà à l'époque de Dan Carter le joueur le plus onéreux du Top 14. Il y a cinq ans, les Sang et Or de Perpignan s'étaient consolés en soulignant que les bonnes ondes de Dan Carter dans le vestiaire avaient malgré tout joué un rôle dans le sacre du club en championnat de France.



Preuve qu'il ne compte pas partir aujourd'hui en préretraite, Dan Carter a choisi le Racing - actuel 4e du championnat et demi-finaliste la saison passée - alors que « ce n'était pas l'offre la mieux-disante, il avait des propositions encore plus élevées venues du Japon », souligne à présent Jacky Lorenzetti.



En France, son salaire mensuel devrait être au moins six ou sept fois supérieur aux sommes que perçoit en moyenne un rugbyman du Top 14 (13 000 euros), déjà considéré comme le championnat le mieux doté au monde. Il lui reste toutefois encore du chemin avant de parvenir au niveau d'un Zlatan Ibrahimovic, le footballeur du Paris-Saint-Germain gagnant près de 15 millions d’euros par an.








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